[Mare Noire] Te souviens-tu ? | Varnan

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à venir >>

8e jour de la 7e ennéade de Karfias ~ été
17e année du XIe Cycle
Frontière Linaëh - Ardamir, trois jours après l'Appel

Sur la jeune branche, les pieds de Tuo entourés d'une fine bande de cuir s'adaptaient sans mal à l'inclinaison et aux légers remous. Il la laissait ployer sans perdre l'équilibre, l'utilisant même pour se donner de l'allant, en sautant sur l'arbre suivant.

Pourtant le jeune chasseur n'était pas dans une course folle. Il allait lentement, changeant d'altitude et de posture pour rester invisible. Il faisait des détours pour rester sous le vent. Il est doué pour son jeune âge. Tout le monde le sait et depuis que Faelwen n'est plus son maître, il n'a plus besoin de prouver quoi que ce soit à qui que ce soit. Quelques mèches s'échappent de ses longs cheveux bruns noués à l'arrière de son crâne, obscurcissant son regard violet. Acéré. Silencieux comme une ombre, d'une bonne carrure pour ceux de sa race, le chasseur suit l'un des fanuë du clan.

Étrangement, celui-ci s'est éloigné du groupe, comme s'il avait vu ou sentit quelque chose. Encore jeune, cela pouvait être un coup de tête, mais Tuo avait appris a respecter l'instinct de ces rois de la forêt. Comme tous ceux de son clan, il leur faisait confiance et c'était pour cela qu'il s'était aujourd'hui fait protecteur silencieux de cette noble créature. Son arc et trois flèches dans une main, une serpe en os, et un tambour de peau à la ceinture, trois points bleus lui marquent le menton. Seuls tatouages visibles sur lui, mis à part ses pieds qui en sont entièrement enrobés.

Te souviens-tu ?

Evènement Mare noire.

An 17 du Cycle XI, Karfïas, Arcamenel de la septième ennéade

Daranivar, frontière du Linaëh et d'Ardamir

Les rayons chauds du soleil filtrent au travers des frondaisons, un vent léger fait chanter les feuillus multi centenaires. Le silence reposant de la forêt s'allie au son d'un petit cours d'eau apaisant, ce lieu ma semblé propice à la communion. A mon coté, Atsa fait une sieste, repu de son dernier repas. Je sens son esprit s'amuser, il rêve probablement de quelque chose d'heureux. Atsa n'est pas très loin, perché sur une branche haute. Il nettoie son plumage pour rendre plus beau, plus léger. Je laisse mon esprit vagabonder au gré de la symphonie, et m'exerce à reconnaître ceux que je croise. Là un esprit sauvage et farouche et à la fois doux semble furieux. J'y reconnaît les essences d'une Nolwëdil, elle semble avoir quelques problèmes. Là cela grouille d'esprits qui s'affairent, cela est caractéristique des diffüns. Il y a probablement un nid, cela est rare d'en trouver. Laissons-les tranquilles, préservons-les. Et là, un esprit orgueilleux et jeune. Un esprit magnifique, un esprit libre, un esprit... Un fanuë. De magnifiques créatures, il y a longtemps que je n'en ait pas croisé.

Mon esprit regagne mon corps, j'ouvre les yeux. J'étire mes muscles, lentement, un par une, et me relève. Puis je réveille Atsa, doucement pour ne pas le brusquer, calmement pour ne pas le rendre grognon. Il étire sa mâchoire, ses grands yeux félins s'ouvrent sur moi. Il ronronne et s'étire, lentement, un membre après l'autre. Quand il en a terminé le phish oura se lève et vient frotter sa tête contre moi. Je sais ce qu'il veut, alors je lui gratte l'arrière des oreilles, il aime ça.
"Partons." Lui dis-je, en arrêtant les gratouilles.
Alors je m'élance, pour retrouver le fanuë dont j'ai effleuré l'esprit plus tôt. Atsa me suit, trottant souvent, marchant parfois pour ne pas trop me devancer. Mais nous n'allons pas jusqu'à l'animal, nous nous arrêtons bien avant. Nous nous arrêtons lorsque je sons le comportement d'Atsa changer : il a senti son odeur.

Je retient donc mon félin compagnon et le sommes de rester, de surveiller mes arrières. Il essaye d'avancer. Je recommence, sur un ton plus sérieux. Il tente de me contourner. Mais j'insiste, songeant à l'esprit que j'ai perçu suivant celui du fanuë.
"Reste là. Ne viens que si je suis en danger."
Atsa se couche et baisse la tête. Je me retourne, il bondit pour se lancer. Aussitôt je réagit et le bouscule pour l'arrêter. Il me pousse, je le pousse, mais je le connais. Nous lutons et je finis par le coucher, bloquant sa patte et son cou. Il tente de me lécher sans pouvoir m'atteindre, il a compris. Alors je le relâche et attends. Atsa se couche, roule sur son dos puis revient sur le ventre.
"Bien. Ne bouge pas." Lui dis-je une dernière fois avant de me diriger vers le fanuë.

Approcher un esprit n'est pas le voir, et maintenant qu'il est devant moi j'admire sa beauté physique. Un mâle magnifique au pelage clair et à la ramure encore grandissante, je n'aurait pu espéré mieux comme signe. Je m'approche doucement, sentant le regard de l'esprit non identifié se poser sur moi. L'animal, d'abord effrayé, reconnaît malgré tout en moi l'essence des druides. Il se laisse alors approché, et je peux poser ma main sur son chanfrein. Je lui caresse le front, le haut de la têtes et les joue, peu à peu je gagne se confiance. Alors je parle d'une voix forte et audible, m'adressant à l'inconnu que je ne prend pas la peine de chercher.
"Si c'est pour chasser que tu es là, abandonne. Ce fanuë est maintenant mon protégé. Montre-toi !"

Il entend, de loin, un grondement félin porté par le vent. La mâchoire du jeune chasseur se crispe.Pourtant ils ne sont pas sur le terrain de chasse de grands prédateurs ici. Il prend trois flèche dans sa main et encoche la première, scrutant les branches, tendant l'oreille vers la Symphonie. Au cas où certains de ses frères soient à porter, il sifflote à plusieurs reprise le chant d'un passereau. Mais la seule chose qu'il voit finalement approcher... est un elfe.

Un Noss plus qu'à demi nu, aux courts cheveux clairs et à la peau cuivrée. Tuo plisse les yeux, et prend l'homme en joug, bien qu'il ne parvienne pas à discerner d'arme sur lui. Qu'il fasse un geste, un seul et il lui transperce l'oeil droit jusqu'au fond du crâne ! On ne touche pas impunément aux siens... Mais le fanuë ne semble pas apeuré, à peine étonné. L'étranger s'approche sans soucis et le bel animal le laisse même poser la main sur lui, le flatter comme s'il le connaissait depuis longtemps... Ce ne pourrait être...

Les yeux du jeune chasseur s'arrondissent.

Et si le jeune fanuë avait été attiré là justement par la présence de cet homme... de ce druide?

Les mains de Tuo restèrent crispés sur son arc bandé, toujours près à tirer, mais une incertitude grandissante le prenait aux tripes... S'il s'agissait d'un druide, c'était un danger bien plus grand que ce qu'il pouvait gérer seul. Pourquoi Lorna et Ungwë n'étaient jamais là quand on en avait besoin?!

La vois de l'étranger retentit soudain, le figeant jusqu'à arrêter sa respiration.

- Et bien nous avons un problème car c'est mon protégé également. Il a l'air d'approuver ta présence, aussi je ne te tuerai pas tout de suite, mais tu as intérêt à me dire rapidement qui tu es et ce que tu fais par ici. " Silencieux comme une ombre et agile comme un serpent, il glissa sur un autre perchoir pour pouvoir prendre l'ennemi à revers si cela s'imposait. Il n'était pas convaincu de faire ce qu'il convenait de faire, mais il ne pouvait prendre de risque. Faelwen n'aurait pas prit de risque à sa place. Il était bien trop près du campement.

Il y a d'abord le silence, seule le bruissement des arbres et le souffle chaud du fanuë répondent à ma question. Même les passereaux enroués se sont tus. Pourtant je ressens toujours ce regard qui m'observe, je perçois encore cet esprit méfiant au travers la symphonie. Je souffle lentement, en alerte sans être tendu, et continue de flatter le magnifique cervidé.
"Et bien nous avons un problème car c'est mon protégé également." Déclare le dhel caché. "Il a l'air d'approuver ta présence, aussi je ne te tuerai pas tout de suite, mais tu as intérêt à me dire rapidement qui tu es et ce que tu fais par ici." Précise-t-il, comme un avertissement.

Mais puis-je réellement le croire ? Je ne suis pas fou, et les ornedhels n'ont pas tous la langue vraie. Les taledhels l'ont encore moins. Il est difficile de déterminer son hostilité est dirigée vers moi par esprit de protection envers l'animal ou par crainte de voir échapper une proie.
"Si tu dis vrai, montre toi." Lui dis-je, toujours sans me montrer hostile.
Personne ne se montre, mais l'autre insiste.
"Ton nom, étranger."
Je grimace, mes oreilles descendent vers l'arrière. Il est fanfaron et je n'aime pas le ton qu'il utilise pour s'adresser à moi. Est-ce dû à sa noss ? Laquelle protège ce territoire, déjà ?

Le fanuë me lèche la main et je me calme. C'est vrai, cet inconnu n'est sans doute qu'un dhel qui ne perçoit que trop peu de la symphonie. Il ne peut pas avoir compris qui je suis, ce que je suis.
"Je suis Varnan, Héraut d'Anaëh et des ëalas. J'ai un important message à transmettre." Je passe au coté du fanuë pour lui flatter l'encolure, puis tourne mon regard dans la direction dont est provenue la voix. "A toi de te présenter. Quel est ton nom, et quelle est ta noss ?"

Pendant ce temps, au couvert des buissons, le phish oura a disparu. Tout druide qu'est son compagnon, l'écouter et rester là n'est vraisemblablement pas dans les intentions du grand félin. Le bipède est allé jouer, Atsa aussi veut aller jouer. Alors, avec toute la furtivité dont sont capable les phish oura, le chasseur a suivi la piste de l'anëdhel. Et, tapis dans l'herbe haute ou entre les fourrés, l'animal approche. Une autre odeur de bipède parvient à ses narines, un autre son lui parvient. Et Atsa se réjouit qu'il y ait un autre avec qui jouer, parce que Varnan n'est pas toujours drôle.

Et zut... C'était bel et bien un druide.

Tuo déglutit. Soit humble. Respectueux. Et silencieux. Pardon Lorna...

Doucement, la corde de son arc se détendit sans que la flèche ne parte. Il baissa son arme dans un grincement de bois et de corde et le passa dans son dos, rengainant ses flèches. Le bruit venait de révéler qu'il était bien loin du dernier emplacement ou il avait ouvert la bouche, presque dans le dos du druide, mais il n'était plus temps de se cacher. Bon... Il était toujours temps de faire amande honorable pour éviter la colère des Hérauts d'Anaëh sur son clan.

Souplement, il se suspendit à la branche sur laquelle il était posé et lâcha pour atterrir, accroupi, sur le sol. Au lieu de se relever, il posa un genoux en terre en plaçant une paume au niveau de son cœur. Ses longs cheveux brins, massés en un vague chignon fait visiblement à la va-vite, ombragèrent un visage jeune lorsqu'il baissa humblement la tête. Ses iris d'un violet sombre ne se posèrent pas un instant sur l'homme qui lui faisait face.

- Pardonnez-moi, Héraut. Je m'appelle Tuo, Chasseur des Iarin'Dath. " Le fait que l'homme que le jeune fanuë était venu cherché prétende avoir un message important à faire circuler sans savoir de quelle noss était son interlocuteur avait quelque chose d'intrigant. Il lui aurait bien proposé de l'accompagner au camp pour en parler directement à Faelwen ou à Lorna, mais le fanuë ne semblait pas particulièrement pressé de rentrer et il était hors de question qu'il abandonne cette bête seule ici. " Quel est votre message ? "

Mais tout humble et serviable qu'il soit, Atsa voulait s'amuser... Et l'autre bipède n'était pas nécessairement celui que l'on croyait.

A dix bon pas des deux elfes et du daguet blanc, sous le vent pour ne pas alerter les sens affuté du noble animal, un cri aiguë retentit lorsqu'Atsa se décida à s'amuser avec la bipède qui approchait du spectacle aussi furtivement que lui.

La petite silhouette portant un pantalon et une brassière de cuir jetait bien des coups d’œil circonspects, visiblement fébrile à cause des murmures curieux de la Symphonie qui se demandait ce que ce gros chat chassait. Mais c'était au mépris du danger qu'elle s'était approchée pour rejoindre son camarade. Les pépiements de passereau qu'elle avait entendus n'étaient pas de la région et cela signifiait de potentiels ennuis.

Sujet: Re: [Mare Noire] Te souviens-tu ? | Varnan Mar 3 Sep 2019 - 15:55

A ma présentation, l'invisible ne réagit pas. Du moins, s'il le fait, c'est avec discrétion et silence. Ou presque. J'entends le son du bois frottant contre le cuir, puis d'une branche qui se déplie. Le bruissement de l'herbe et le froissement de feuilles détachées m'indiquent que le chasseur est descendu de son perchoir, dans mon dos, quelque part hors de mon champ de vision. Je continue de caresser le fanuë, ma main passant sur son poitrail sans que je ne sente d'anxiété ni de battement s'accélérer. Si lui n'est pas inquiet, pourquoi le serai-je ? Aucun besoin de me retourner, pour l'instant.

L'ornedhel se présente : Tuo de la noss Iarin'Dath. Un sourrir s'empare de mes lèvres. Alors il n'est pas trop tard, ainsi ils sont toujours en Anaëh. Ungwë, je me demande quelle suite elle a choisi pour son histoire. Je cesse mes cajoleries et me tourne vers le chasseur, qui à l'en croire se fait aussi protecteur. Ainsi agenouillé, la tête baisé, je ne peux qu'observer un chignon brun en guise de visage. Au moins mon montre-t-il le respect que l'on octroie aux druides de l'Anaëh... Et cela a quelque chose d'étrange.

Je réalise que c'est la première fois qu'un dhel quel qu'il soit me fait une telle révérence depuis que j'ai accompli mon rite, depuis que je voyage seul. Lorsque mon maître était avec moi, la sensation était différente. Il était naturel que ceux que nous croisions lui fassent cet hommage, moi je n'étais que son disciple. Mais il est vrai, à bien y penser, que c'est la première fois que je croise un ornedhel depuis mon réveil. Un qui ne soit pas l'un de nous, ou en devenir.
"Si le sol t'es si attrayant, tu peux t'asseoir." Dis-je d'un air taquin, pour lui indiquer qu'il peut bouger.

Le cervidé à mon côté me tapote le bras du museau avant de lécher ma main. Apparemment mes caresses ne lui ont pas suffit, puisqu'il en redemande. A tâtons je remonte le long de sa tête pour lui gratter entre l'oreille et la naissance de la corne.
"L'Aînée sait préparer ses surprises, et me mener à vous en est une belle. Mon message est trop important pour n'être entendu que par toi seul, il serait dangereux qu'il soit mal transmis. Est-ce bien Faëlwen votre chef ? Et Lorna votre chamane, elle ainsi qu'Ungwë ne doivent pas manquer ce message. Mène moi à eux, ou mène les à moi. Je ne bou"

Le fanuë dresse la tête, les oreilles dressées. Je fais de même, alerte. Un cri aigu retenti, non loin, suivi d'un grondement félin. Celui-là je pourrais le reconnaître parmi des milliers : Atsa ! Je ferme les yeux, ma main gauche venant se poser sur mon front, pouce contre mon oreille. J'inspire profondément puis expire lentement. Mon environnement immédiat s'efface, la symphonie se renforce, et mon esprit se gonfle. Cela m'a pris tant de temps à perfectionner ce sort, et pourtant il n'est toujours pas aussi précis que je ne le voudrai. Je ressens l'esprit du fanuë à mon coté, inquiet. Celui de Tuo, en face, est alerte. Une multitude d'autres nous entourent, mais pas tant. Me concentrer, je dois me concentrer et le trouver. Atsa... Par là, quelque part dans cette direction. Je reviens à moi et ouvre les yeux, sans toutefois mettre fin à ma magie. Un souffle d'apaisement se transmet au fanuë par l'intermédiaire de ma main droite posée sur son front.
"Reste ici." Souffle-je avant de me lancer vers Atsa.

Je traverse un arbuste et esquive des branches basses. Heureusement ils n'étaient pas loin, et je n'ai pas eu de mal à le retrouver. Comme j'ai rapidement trouvé l'origine du cri : une ornedhelle, si je me fie à ma première et rapide observation. A mon arrivée ce joueur de phish oura est déjà en train de lui tourner autour tout en poussant des grognements menaçants. Mon apparition a dû surprendre la ornedhelle, dont la réaction provoque le félin. Atsa bondit mais, dans mon élan, je parvient à pousser la proie de jeu. L'atterrissage du phish oura me bouscule, j'exécute une roulade et me positionne aussitôt face à mon compagnon de jeu, lui barant le passage vers l'inconnue.
"Non !" Lui préviens-je.
Mais il avance, moi aussi. Un pas, deux pas, je passe sur le coté et pousse, frappant son épaule de tout mon poids pour le gêner. Atsa n'est décalé que de peu, mais c'est suffisant. Restant collé à lui je me rapproche de sa tête et ancre mes appuis dans le sol. J'agrippe une touffe des poils de son museau d'une main, son oreille de l'autres, et d'un mouvement du bassin le force à venir poser sa tête par terre. Atsa tente de m'agripper avec sa patte antérieure mais je le connais, et anticipe.
"J'ai dit non !"
Je change de côté, corrige mes prises et colle son nez dans l'herbe. D'un mouvement souple je passe ma main sur mon front puis la plaque contre la pierre frontale d'Atsa, y insufflant de la tranquillité.

Je reste ainsi jusqu'à ce que l'esprit d'Atsa se calme, et enfin je me tourne vers la proie abandonnée de mon compagnon.
"C'est bon, il s'est calmé." Je fais montre d'un sourire rassurant. "Il voulais juste jouer un peu, ne t'en fais pas."
Je me détend doucement et m'accroupit au côté de mon compagnon, sans pour autant rompre le contact.
"Tu vas bien ?"
La pupille d'Atsa se réfracte et sa paupière se referme légèrement, signe qu'il s'est calmé. Je commence alors à lui gratter l'oreille, ce qui généralement peut le distraire assez pour lui détourner de ses jeux.

Sujet: Re: [Mare Noire] Te souviens-tu ? | Varnan Mar 3 Sep 2019 - 21:09

Un peu surpris à la phrase légère du druide, le jeune chasseur se redresse à demi. S'assoir ? C'était de l'humour ? Les druides avaient le droit d'en faire ? Non parce que c'était quand même très loin de ce qu'il savait des druides cette histoire. Ils étaient sensés être les portes parole de la Sylve. Une fonction grave et solennelle s'il en était... Enfin sûrement.

Mal à l'aise, il replaça une longue mèche de cheveux rebelle derrière son oreille, découvrant quelques marques de couleur le long de la pointe. En plus ce druide connait leur clan. C'est étrange. Et...

Et il se redressa d'un bon, tournant pour avoir la brise dans le dos et les deux oreilles pointées vers le cris de peur qu'il venait de percevoir. " Blanc-Cornu... " Implora-t-il d'une voix blanche, tétanisé, alors que le druide concentré portait la main à son front. Non non non !

Tout de suite, il oublia le Fanuë, le druide et l'humour pour sauter vers le tronc le plus proche et reprendre de la hauteur. Il fallait qu'il puisse trouver l'origine exacte de l'appel tout en se rapprochant à l'azimut.

_______________

La végétation dense frisonne autour de moi, tant physiquement qu'à travers la Symphonie. Ils regardent, anxieux, curieux, apeurés, amusée. Ma Mémoire ne comprend pas ces perceptions chaotiques au delà d'un soutien chaleureux et de la confirmation que d'autres elfes ne sont pas loin. Je sens sa présence à travers toutes les fibres de mon corps. Mon cœur bat vite. Ma respiration agité.

J'essaie de fuir, mais d'un bond, il se repositionne. J'avise l'arbre près de moi, mais il pourrait monter bien plus vite que moi. L'énorme fauve se ramasse près à bondir. Mère de tous les elfes je t'en supplie ne le laisse pas me dévorer ! Pardonne moi de ne pas avoir reconnu les signes du terrain de chasse de cette noble bête, mais je ne veux pas mourir ici. Blanc-Cornu, guide moi ! Il faut que je me rapproche de mes congénères.

- Je ne suis pas une bonne proie. Passe ton chemin. " murmurai-je d'une voix blanche un peu tendue d'avoir crier si fort.

L'esprit clair grâce à la présence bienveillante de la Sylve, je dégluti et regarde la bête droit dans les yeux. Si je plonge au moment ou il saute, je pourrais peut-être gagner quelques précieux mètres et quelques encore plus précieuses secondes ? Ou alors je me ferai labourer le dos par une griffe de quinze centimètres de long. J'essaie une dernière fois de courir. ça ne fonctionne pas plus. Alors je me ramasse, près à rouler sur le côté.

Et... Quelque chose me percute. Quelque chose à... Pris ma place ?! Je roule bel et bien, mais pas de façon suffisamment net pour me relever dans la foulée. La terre et les racines glissent le long de mon dos et je me retrouve étendue sur le ventre sans plus savoir dans quelle direction est quoi. A un souffle le mon visage, il y a de l'écorce couverte de mousse. Un bruit de coup. Une voix impérieuse juste dans mon dos. Une lutte. Je me retourne prestement, accroupie et prête à bondir à nouveau sans dégainer mon coutelas.

Là... C'est...

- Vous...

Dans le calme peu à peu revenu et ma respiration moins précipitée, mes yeux ne lâchent pas l'homme qui m'a poussé hors de la trajectoire de l'animal et le tient à présent en respect. Une main sur l'écorce, je me remet debout. La Symphonie, heureuse, rit de ma déconvenue. L'angoisse et la peur était avant tout un écho de mon propre ressenti. Elle me rassure d'un chant doux aux mots familiers tandis qu'un sourire ému me vient aux lèvres.

Je n'aurais jamais pensé le revoir un jour.

A le voir ainsi, calmer le Phish'Oura et lui donner des excuses, il donnent l'impression d'être des compagnons de longue date. Est-ce possible qu'une bête fauve se prenne d'affection pour quelqu'un ? ...Question idiote. C'est un druide après tout. De sa posture dominante - qui prouve tout de même un certain danger malgré ses affirmations rassurantes - ses muscles roulent sous sa peau halés et se détendent un peu. Il finit par venir flatter son félin compagnon comme s'il s'agissait d'un fanuë amical. C'est... un peu surréaliste, mais particulièrement attendrissant. Il est toujours aussi remuant.

- Oh oui. Je n'ai rien. Il m'a juste fait peur. C'est ma faute, je n'ai vu aucun signe de sa présence dans les environs et il avait l'air plus loin à travers la Symphonie. " Je souris un peu plus franchement, prenant une inspiration pour lui dire à quel point cela me fait plaisir de le revoir, mais un mouvement rapide au-dessus de moi me fait faire un pas en arrière. Par réflexe, je lève les bras en parade. En pure perte. Tuo apparait devant moi, si près que je ne voyais plus rien d'autre. Une étreinte implacable vient me serrer aussi fort que possible.
- Merci à tous les Ëalas, au Blanc-Cornu et la Mère. Tu vas bien... " Sa voix tremble. Son souffle sur mon oreille me fait frissonner.

Je lui rend son étreinte, fermant les yeux pour tenter de lui accorder la pleine attention qu'il mérite malgré mes pensées qui vagabondent vers le druide à quelques pas. Lorsque mes bras le serrent, il soupire, peinant à me lâcher.

- Tout va bien, Tuo. " puis une idée me traversant l'esprit, j'ajoute avec le même sourire paisible. " c'est bien toi qui a appelé ?
- Oui. Je ne savais pas que ce monstre rodait dans le secteur. Je suis désolé. " Enfin il me lâche... Mais ce n'est que pour se retourner en bloc vers le druide et le félin. Son œil violacé déborde de fureur et ses traits déformés par une rage dû à la peur qu'il venait de ressentir. Je n'ai même pas besoin de voir son visage pour me le figurer. " Emmenez cette bête loin d'ici maintenant ou je la tue de mes mains ! "
- Tuo...
- S'il s'en prend à l'un des miens...
- Tuo ! " J'attrape son bras avant qu'il fasse un pas vers le druide et son étrange compagnon. Il se raidit mais s'arrête " Ne fait pas ton Kerkand. Tu es en présence d'un druide. Et je vais bien. Tu entends ? " Je répète en le tirant un peu vers moi. " Je vais bien. " Puis je regarde notre hôte, un sourire rayonnant sur le visage. " Et je lui fait confiance. "

Enfin, il arrête de fixer le druide et me regarde à nouveau, surprenant le regard heureux que je lance au dit-druide. Après une seconde d'une expression suspicieuse que j'ai toutes les peines du monde à comprendre, il sert les poings et souffle. Je libère son bras.

- Alors vous vous connaissez ?
- Peu importe. " je me tourne plus franchement vers le druide, plus guillerette qu'il ne m'avais sûrement jamais vu lors de notre première rencontre.

A présent, mes tatouages couvrent l'intégralité du côté gauche de mon corps, de la plante de mon pied à mon crâne seulement couvert d'une courte toison noire qui recommence un peu à boucler en passant par mes doigts et la paume de ma main. Mon côté droit ne porte pas la moindre marque, mais l’œuvre est terminée ainsi. Avec les cheveux courts, cela fait près d'un mois qu'on me répète avec humour que je ressemble à une adulte. J'en doute, mais ce n'est que mon avis. Les pieds nus et sans mon sari aux couleurs éclatantes, je dois avoir l'air bien différente dans cette tenue de cuir.

- L'important c'est la raison pour laquelle Anaëh nous pousse une fois de plus l'un vers l'autre, cher ami dont je ne connais toujours pas le nom. "

Cette fois, mon sourire se fait plus hésitant. Ma gorge se serre une seconde. Sans doute ne se souvient-il même pas de moi... ou ne me reconnaitra-t-il pas.

coupe et type de tatouages non contractuels:

Sujet: Re: [Mare Noire] Te souviens-tu ? | Varnan Lun 9 Sep 2019 - 12:51

Je ne rompt pas le contact avec Atsa, il est encore trop tôt. Dans son état, si je cesse de jouer avec lui, il va certainement chercher une autre distraction. Et ce pourait-être l'un d'entre eux, ou le fanuë qui se retrouve seul. Oui, seul, car le chasseur qui se prétend son protecteur est maintenant face à moi, au lieu de veiller sur lui. Je souffle doucement, je garde mon calme. La moindre fluctuation de mon esprit serait irrémédiablement ressentie par mon félin compagnon, et s'il me sent contrarié...

Je me concentre plutôt sur la ornedhelle qui a failli servir de jouet, et mon coeur s'emplit de joie. Je n'ai pas eu le temps de le remarquer lorsque j'ai effleuré son esprit, plus tôt, entre les voix de la symphonie. Je n'ai pas pris le temps d'observer non plus, trop occupé à distraire Atsa. C'est qu'il a les crocs tranchants et la griffe facile, même moi je pourrais me blesser si je ne fais pas attention. Il me pousse de sa tête, je lui flatte le cou. Ah, ce phish oura, quel enfant joueur...

A présent que je peux prendre le temps d'observer, je la reconnaît. Elle a changé, en près d'un mois. Elle a grandi, un peu, on dirait. Mais surtout, elle n'a plus cet air perdu qui l'imprégnait lorsque nous nous étions rencontrer. Et ses tatouages... Cette tenue de cuir lui change du sari dans lequel elle s'était enroulée. Viennent-il de son totem ? Et sa crinière, sa belle crinière bouclée. Il n'en reste plus que de courts cheveux, qui lui donnent certes un air plus adulte, mais aussi moins sauvage. Je préférais avant, mais peut-être cela faisait-il partie de son rite. Son rite, ses tatouages. Je me souviens qu'il n'étaient pas terminés, mais à présent ils recouvrent tout le coté gauche de con corps. Il semble qu'elle ait finalement accepté d'achever la cérémonie. Oui, elle a changé, mais pas assez pour que je ne puisse la prendre pour une autre. Et si mes yeux n'avaient pas été sûrs d'eux, sa voix et ses paroles me l'auraient confirmé.

"Ungy !" Lui répond-je, un franc sourire aux lèvres. "Mon nom est Varnan, je suis ravi de te retrouver."
Atsa se frotte contre moi, me poussant un peu de coté. Je repousse légèrement son museau et continue de lui caresser la joue.
"Il semble que tu aies fait ton choix. J'ai hâte d'entendre la suite de ton histoire."
Jaloux, Atsa commence à porter son attention vers celle à qui je m'adresse. Je lui tire les poils sous la moustache pour le forcer à me regarder.
"Shhht, calme !"
Je taquine un peu mon compagnon puis mon regard se porte non pas vers ma soeur, mais vers le chasseur.

"Et toi, Tuo ! Ne devrais-tu pas veiller sur Nornarassë ?" Je soupire. "Je ne peux pas retourner auprès de lui tant qu'Atsa est avec moi."
C'est que le phish oura peut se montrer jaloux, parfois, et je n'ai pas envie qu'il s'en prenne au beau fanuë.
"Alors si tu veux bien l'accompagner, il devrait rentrer près des sien maintenant qu'il a accompli son rôle." Mon regard crise celui de la désormais jeune adulte et je reprends, plus souriant, mais aussi l'air plus grave.
"Cette fois, Ungy, j'ai été envoyé par les ëalas. Maurquimellë m'a transmis un message, et il me revient de le transmettre à mon tour aux enfants d'I Emël. Je l'ai déjà dit à ton ami, il me faut rencontrer votre noss. Menez-les à moi ou moi à eux, cela importe, mais vous devez entendre ce présage."
Les à-coups d'Atsa me rappellent à lui, et je reprends mes flatteries.
"Je pourrais aussi écouter votre histoire, s'il vous convient de me la conter."

Sujet: Re: [Mare Noire] Te souviens-tu ? | Varnan Lun 9 Sep 2019 - 13:52

Tuo fronce les sourcils. Pas besoin d'être devin pour savoir qu'il voudrait renvoyer le druide s'occuper de ses affaires... Mais nous savons tous les deux que Varnan a raison. Le Fanuë ne devrait pas rester seul. Alors je lui serre la main, l'assurant d'un regard que je n'éprouve pas la moindre anxiété à me retrouver seule avec le drôle d'homme et le fauve monstrueux. Certes... Le Phish'Oura ne me met pas particulièrement à l'aise mais je fais suffisamment confiance au druide pour être sûre qu'il ne me fera pas de mal.

Alors, sur un dernier regard scrutateur en direction du druide, le jeune chasseur tourne les talons.

- Ne lui en veuillez pas. Il a simplement eu peur. " je souris en me retenant de m'approcher d'un pas, écoutant plutôt les explications qu'on voulait bien m'offrir. Un message des Ëalas. Mon pouce passe pensivement sur l'anneau de bois qui orne mon annulaire.

- Je ne peux rien promettre pour l'histoire, mais je peux te guider jusqu'à notre campement. " Lorna ne serait pas contente, mais puisqu'elle voulait que je fasse mes propres choix je pouvais me le permettre. Que les anciens puissent entendre le message sans filtre me parait important. Il n'y a qu'un petit problème. " Mais si tu me suis, cet animal risque de poser des problèmes pendant ton absence, non ? "

Sujet: Re: [Mare Noire] Te souviens-tu ? | Varnan Jeu 12 Sep 2019 - 17:51

Le regard de l'ornedhel me paraît presque défiant, mais je ne formalise pas. Qu'importe les états d'âme du chasseur, ma tâche est bien plus importante. Et puis, si je venais à le relever et à m'insurger, il est certain que cela provoquerait Atsa.
"Les jeunes fauves ont eux aussi leur caractère." Commente-je calmement, en réponse aux explications de ma jeune soeur.
Après tout, ne je l'étais-je pas moi même, jeune ornedhel fougueux et impétueux ? Peut-être... C'est ce que l'on m'a dit. Mais cela n'a pas d'importance, à cet instant.

La main enfoncée dans la fourrure de mon compagnon phish oura, je regarde la jeune chamane et sourit.
"C'est Atsa."
Craint-elle que mon ami ne fasse quelque dégât dans la faune alentour ? C'est probable. Qui sait ce qu'il lui viendra en tête, en mon absences ? Même moi je l'ignore. Il est libre. Il ira sans doute se trouver une branche à sommeiller, pour digérer son dernier repas. Ou peut-être qu'il ira courir derrière un jeune et vigoureux animal, jusqu'à s'essouffler ou ne plus y trouver d'amusement. Il pourrait peut-être trouver l'un de ses congénères et se battre pour la position dominante, ou encore... Non, il est encore trop tôt pour lui, et la saison n'est pas venue. Mon regard se tourne vers le grand félin, qui fixe à nouveau la ornedhelle. Quel jaloux... Il voudra probablement me suivre, quoi qu'il en soit.

Ma main glisse jusqu'au front de mon compagnon et j'y imprègne un sentiment d'apaisement.
"Il est préférable qu'il m'accompagne, au moins pour l'instant."
Je reporte mon regard vers Ungwë, tout en souriant.
"Alors, nous te suivons."
Je tire un peu sur le cou d'Atsa, mais le malicieux décide de s'allonger sur le coté.
"Pas maintenant." Gronde-je, sans succès.
"Allez, lève-toi !"
Mon félin compagnon me regarde, baille et tourne la tête.
"Bon, tant pis." Je me tourne vers Ungwë et cmmence à la rejoindre. "Allons-y, je te suis."
Nous n'avons pas fait dix pas que ce paresseux de phish oura nous rejoint, comme attendu. Ses caprices, je les connaît. Ses jeux aussi, mais ce n'est pas le moment. Je l'intercepte avant qu'Atsa n'ait attrapée ma jeune soeur à la peau sombre, lui donne une petite tape sur le museau puis le maintient par dessous l'oreille. Il a l'air plutôt joueur aujourd'hui, je vais devoir faire attention.

Sujet: Re: [Mare Noire] Te souviens-tu ? | Varnan Lun 30 Sep 2019 - 0:04

Attendrie par la scène qui se déroule entre le druide et son compagnon, je ne peux retenir un rire. Il est incroyable. Même parmi les druides, il doit avoir une affinité particulièrement forte avec les animaux pour s'être lié d'amitié avec une créature aussi veule qu'un tigre rouge. Une pointe d'envie et de curiosité m'étreint le cœur au milieu d'un bonheur simple. Plus que de la peur, c'est maintenant de l'amusement et une attention accrue qui me monte à la tête à l'égard de l'animal. Ma raison me souffle que c'est un excès de confiance en l'homme qui me suit, mais s'il lâchait l'animal, je pourrais surement l'éviter et le fatiguer un peu. En regardant bien comment Varnan s'y prend, je pourrais même le maîtriser sans lui faire mal après quelques essaies... Des envies qui ne sont certainement pas dignes de mon devoir.

Mais qui sont par trop tentantes.

- Comment t'es-tu lié à lui ? " Je demande sans regarder le duo, marchant à leur pas pour les guider à travers la forêt dense sans briser la moindre branche vive.

Il nous fallut un bon quart d'heure durant lequel je sifflait à deux reprises comme un passereau du nord de l'Anaëh, avant d'arriver en vue des première tentes mêlées aux arbres. La végétation semble comme toujours s'être volontairement baissée ou mêlée à nous tresses et tissus pour tenir les infrastructures de notre camp.

Meïwen et Fedath me voient de loin et courent vers moi, leurs visages rayonnant d'un sourire enfantin, mais d'un geste, je les arrête. Ils hésitent et ouvrent de grands yeux en distinguant mon invité et son compagnon. Ni une ni deux, ils courent à toute jambe en sens inverse vers l'intérieur du camp.

- Restez près de moi et ne vous montrez pas hostile. Tout ira bien. " Pour lui en tout cas. Moi, c'est moins sûr, mais j'ai pris ma décision.

Nous marchons ainsi jusqu'au cœur de l'agencement chaotique des longues tentes communes et des placettes ou vivent travaillent et joues mes frères et sœurs. J'en saluent certains. J'en rassurent beaucoup, expliquant qu'il s'agit d'un Héraut, présentant Atsa comme un ami. Peu de regards sont sincèrement rassurés, mais ils acceptent. La peur que doit leur inspirer l'idée qu'il s'agisse d'un druide que ne connait pas Lorna doit être la cause des tremblements de certain. La gorge se serre en voyant leurs visages tirés. Pardonnez-moi... Je vous jure que je ne le ferais pas si je ne pensais pas qu'il est un allié et que notre bien à tous peut en dépendre.

Nous marchons, jusqu'à l'endroit ou j'étais certaine de trouver les Anciens. Il s'agit d'un espace dégagé, tout en longueur, dans lequel s'est effondré un arbre il y a tous juste quelques ennéades. Nous avons débité ses branches et nous commençons à peine à attaquer son tronc. L’odeur de sciure chaude est présente et l'air reste un peu poussiéreux. Autour de nous, je sens les regards et les présences de nos chasseurs. Ils ne perdent pas l'intrus des yeux. Mais nulle trace du Conseil au grand complet. Ils ont été avertis par les chasseurs que j'ai prévenus en chemin, ça ne fait aucun doute, alors ils ont choisis de ne pas venir. Seules Lorna et Faelwen sont présentes.

La première me regarde de ses yeux durs et perçant. Ma gorge se serre d'autant plus que la seconde, bras croisés, reste en retrait, son arc bandé même si les flèches sont encore dans le carquois à sa hanche.

- Puis-je savoir ce que vous venez faire ici ? " gronda Lorna d'une voix sourde en regardant directement Varnan dans les yeux.
- Il a un message de...
- Silence. " La voix de la Chamane claqua à nouveau. " Ton tour viendra après, Première. "

Une sueur glacée me colle au dos. J'ai fais ce qui était juste. Il faut que je me raccroche à cette idée des deux mains pour ne pas flancher et demander pardon. Silencieuse, je fais un pas sur le côté pour laisser mes aînés parler.

Sujet: Re: [Mare Noire] Te souviens-tu ? | Varnan Mer 9 Oct 2019 - 21:46

Atsa est joueur et malicieux, comme la plupart des représentants de son espèce. Mais, lorsque l'on apprend à le connaître, il est aussi attachant et fascinant. Enfin, peut-être que c'est seulement moi qui le voit ainsi, après tous ce temps passé avec lui ou ses prédécesseurs.
"Il m'a choisi." Réponds-je distraitement à la question de ma jeune soeur, sans entrer dans les détail.
Les détails... A y repenser, c'est une histoire amusante. Je relâche l'oreille de mon compagnon et lui flatte le cou, ce qui me vaut un léger ronronnement de soulagement de sa part. Après quelques pas que nous avons fait depuis tout à l'heure, je sent son envie de jouer s'être atténuée. Je peux moi aussi me détendre... Pour l'instant. Nous verrons bien lorsque les nouveautés que nous allons découvrir éveilleront sa curiosité. Je reprends donc la suite de ma réponse, qu'il me plaît à développer.
"Cela remonte à il y a plusieurs dizaines d'années maintenant... Au cycle dernier. C'était peu après que les ëalas aient placé mon épreuve totemique sur ma route, j'étais alors un jeune druide en fin d'apprentissage. Si l'on puis considérer ainsi le moment où l'on obtient la reconnaissance de son maître, car après tout l'apprentissage ne se conclut jamais réellement. Quoi qu'il en soit, j'était alors libre d'aller où je le désirais, mais j'étais pris d'hésitations. Je décidais alors d'aller rendre visite à une vieille amie qui avait, quelques décennies plus tôt, choisi elle aussi de tracer sa propre route. Je fus heureux de la voir en si bonne santé, tout comme ses enfants."

Atsa interrompt mon récit, quémandant l'attention qui s'est effacée tandis que je me remémore notre rencontre. Je plonge ma main dans sa fourrure pour lui gratter l'autre côté de la tête, chatouillant son oreille au passage.
"Oui, oui, je ne t'oublie pas."
Alors que nous continuons notre avancée d'un pas leste et silencieux, je reporte mon attention sur Ungwë. Le sifflement qu'émet ma consoeur n'est pas sans rappeler celui d'un passereau, un oiseau qui pourtant ne se trouve pas dans cette partie d'Anaëh. Son chant est néanmoins beau, et je ne m'étonne pas que qu'Ungwë l'ait choisi pour signifier sa joie. A moins que ces sifflement n'aient un autre but.

"Où en étais-je ? Ah, oui, mes retrouvailles avec mon amie. Eh bien, en temps normal j'aurai volonté joué avec eux, mais cette fois là ce n'était pas possible, du moins pas comme nous le faisions d'ordinaire. Elle venait de mettre bas, et son compagnon était en chasse pour nourrir les petits. Un beau et puissant mâle, ce compagnon ! Tout à fait ce qui peut correspondre à une intrépide comme elle. Et leur petits... Chaque portée est aussi belle que la précédente. Je n'avait d'ailleurs pas oublié la première, tout comme je n'avais pas oublié Carca. Cela faisait plusieurs années que je ne l'avais pas vue, et pourtant elle n'avait pas oublié mon odeur."
J'arrête mon récit alors que la simple méfiance d'Atsa se manifeste en un grognement léger. La raison ne tarde pas à se clarifier, la forêt révélant peu à peu des toiles de tente. Et bien que les bruits du campement étaient déjà parvenus à mes oreilles, tout comme les vibrations de cette noss au sein de la Symphonie, je ne commence à m'y intéresser qu'à présent que je vois les premiers d'entre eux surgir de l'intérieur du camp.

Le conseil de ma consoeur à la peau brunie, bien que judicieux, s'avère pourtant superflu. Hostile ? Je ne le suis pas le moins du monde, et Atsa n'est que curieux et excité de jouer avec toutes ces nouvelles créatures.
"Shhh, shhh. Non, ce n'est pas l'endroit ni le moment." Lui murmure-je, plaquant ma main droite sur son joyau frontal en y infusant une part la plus apaisée de mon esprit.
Nous avançons jusqu'au centre du campement, et j'en profite pour capter les humeurs et les souffles. Non pas de par ma magie, mais de par ma sensibilité formidable à la symphonie. Méfiance, curiosité, fascination : notre entrée dans l'intimité de la noss Iorin'Dath provoque une multitude d'émotions tout à fait naturelles. Je laisse la jeune druidesse rassurer les siens tandis que nous continuons d'avancer, admirant la confiance dont elle fait preuve et le respect qu'elle inspire auprès des siens malgré son jeune âge. La voilà bien différente de la petite ornedhelle pleine de doute que j'ai eu à rassurer lors de notre première rencontre, et cela me réjouit. Je ne peux m'empêcher de m'enorgueillir d'y avoir joué un rôle. Après tout, ne suis-je pas aussi un guide des plus doués ?

Nous parvenons à un lieu imprégné d'une odeur de sciure chaude et de bois séchant. Le tronc effondré semble attirer Atsa, mais il serait trop imprudent de le laisser aller y jouer librement pour l'instant, si l'occasion se présente j'irai avec lui. Sentant son excitation augmenter je lui insuffle de nouveau calme et tranquillité, ajoutant quelques caresses pour le distraire. L'effet n'est que sommaire, ni lui ni moi ne sommes dupes, mais cela suffira au moins à ce qu'il se tienne sage. Alors ma guide nous arrête auprès de deux ornedhelles que je devine importantes au sein de cette noss, cela se voit autant de par leur stature que de par les regards qu'elles me portent, mais aussi par la manière avec laquelle Ungwë s'adresse à elles. Mais surtout, le ton sec et autoritaire de celle qui prend parole ne laisse aucun doute quant à un rôle important dans ce groupe. Son ton manque de chaleur, loin de celui avec lequel il convient de s'adresser à un druide. Pourtant je reconnaît en elle notre nature commune : elle doit être Lorna, dont Ungwë m'a déjà parlé. Alors, sans rompre le contact avec mon roux compagnon, je me dresse et fais montre de toute la dignité dont l'on m'a doté.
"Je suis Varnan, héraut des ëala et d'Anaeh. J'ai reçu de Maurquimellë la Secrète un sombre présage, et je suis venu vous le transmettre. Tous doivent l'entendre. J'attendrais donc vous soyez réunis, alors vous entendrez son message."

Sujet: Re: [Mare Noire] Te souviens-tu ? | Varnan Ven 11 Oct 2019 - 16:17

Bien loin de se raviser, Lorna avança de quelques pas, effleurant au passage l'épaule de Faelwën en une invitation au calme que ne portent pas ses yeux. Je l'ai mise dans une situation qui la déstabilise et elle en a horreur.

- Délivrez votre message, Héraut. Je suis la guide spirituelle de notre famille et voici sa Chef. Nous le transmettrons aux nôtres si nous considérons qu'il est approprié.

Pour la première fois, quelque chose se serre dans ma gorge en entendant ces mots. Regardant, toujours en retrait, les doigts croisés, le profile de mon mentor me parait plus sévère encore que d'ordinaire. Le savoir est une arme et les Chamanes apprennent à le parer aussi bien qu'à l'utiliser, mais pourquoi tant de suspicion ?

- Sache, sœur Lorna, que ce message est d'une importance primordiale. Je suis celui à qui la Secrète a confié ce message et moi, son Messager, suis celui à même de pouvoir le transmettre, à tous. Cela est essentiel. Comprends en la gravité. " Le regard de Varnan croise le mien durant une seconde. J'aimerai lui dire de ne pas insister mais même cela me serait reproché... Et même cela ne servirait pas à grand chose. Lorna écoute... Mais pas la même chose que lui.
"J'étais en méditation au plus profond de la prime œuvre lorsque cela m'est venu. Plus qu'un songe, un signe précurseur. Ne las-tu pas ressenti, toi aussi ? L'enfant perdu, les ombres qui menacent."

Il marque une courte pause pour jauger la réaction de Lorna qui se fait encore plus sombre.

- Les ombres menacent depuis des cycles entiers pour ceux qui savent vraiment écouter la Prime forêt. Dis ce que tu as a dire.
- Le Présage que nous avons reçu, je me dois de le transmettre, à tous. Pas seulement vous, anciens, mais à toute votre noss."

La Chamane aux cheveux bruns et au bras gauche couvert de plantes grimpantes fronce les sourcils. La Symphonie alentours reste tranquille et curieuse de voir ce qu'elle désigne comme le primate et le félin. Comme toujours, la présence de Lorna semble être secondaire. Une présence et un effet auquel je suis habituée depuis des décennies... Mais qui me saute soudain aux yeux à côté de notre hôte du jour.

- Ma Première n'aurait pas du vous permettre de venir jusqu'à nous. Elle est jeune et je vous demande de la pardonner. Mais les Iarin'Dath ont un devoir de mémoire et ce clan est sous Ma protection. J'écouterai votre message si vous le souhaitez, mais pour le reste, vous interférerez pas dans nos coutumes.

Un pas sur le côté et la main de Lorna se tendit vers la tente sous laquelle se réunissait le Conseil lors des cessions particulièrement longues. Il n'y avait ni fumée, ni bruissement et les arbres alentours ne s'y intéressaient pas le moins du monde, la désignant très probablement comme vide.

Sujet: Re: [Mare Noire] Te souviens-tu ? | Varnan Mer 23 Oct 2019 - 10:05

Je sens aujourd'hui le poids de l'absence de mon maître, et à la fois je me gonfle de cette expérience. Lui est encore si respecté que sa seule présence inspirait le respect dans la plupart des noss que nous avions visité. Quant aux autres, sa sagesse et son charisme nous apportait bien vite leur hospitalité. Mais aujourd'hui... Aujourd'hui je dois faire mes preuve, aujourd'hui je dois tracer ma propre route, aujourd'hui j'ai une mission des plus importantes.
Ceux qui savent vraiment...
Pour qui me prend-elle ? Se croit-elle plus apte que moi, de par son seul statut d'ancienne, elle qui n'entend pas l'évidence ? La Prime Oeuvre est meurtrie, et elle freudonne qu'on l'aide. Les Eälas m'ont parlé, Maurquimellë même m'a transmis ce présage en songe, pour que je le transmette aux enfants de Kÿria. Je suis la voix de ses silences, je suis le murmure de ses mystères. Mais cette vieille gueunon... L'entêtement de cette aînée marque le dangereux revers de l'ancienneté, dans lequel j'espère bien ne jamais tomber. Entendrait-elle la Symphonie depuis si longtemps qu'elle en serait devenue sourde ? Ou peut-être, comme me l'avait conté Ungwë, l'a-t-elle réellement rejetée pour le bien de leur propre rôle, et alors je dois me faire l'interprète qui doit l'aider à ouïr ce que sa nature n'entend plus.

J'inspire longuement pour garder mon calme, le corps droit et le regard digne. Il est vrai que me maître me surnommait souvent "l'Orgueilleux", avant que je ne perçoive les signes du passage. Cette mission qui m'incombe est plus grande que moi, plus grande que nous. Je parvient malgré tout à garder mon esprit aussi paisible qu'il est alerte, mais à mon coté...
Face à toute cette méfiance, à cette animosité latente, à cette défiance même, je sens mon compagnon gagner en irritation. Son grognement se fait d'ailleurs plus audible, et déjà quelque peu féroce. J'expire le peu de tension que j'ai cumulé, maintenant ainsi mon propre calme, car c'est sans doute la seule chose qui retient encore le félin. Mon regard se détourne de celui de la vieille chamane, je n'ai que faire d'un duel de regard ou d'une ridicule lutte de pouvoir, cela n'a rien à voir avec moi. Mon rôle est de transmettre un message et seulement cela, non pas de créer un conflit entre nos frères.

Ignorant l'ancienne qui me présente une tente, je me rapproche d'Atsa dont les babines se retroussent légèrement.
"Shhhhh, calme."
J'approche ma main de son oreille mais sa tête fait un mouvement de coté en signe de contestation.
"Non. Tout va bien." Lui murmure-je à l'oreille.
Plutôt que ses oreilles, je pose ma main sur le coté de son cou. D'un mouvement lent je me penche vers le grand félin et glisse mon autre main sous sa tête, puis me place devant lui. Le Phish oura tente de me contourner, mais je le force implicitement à concentrer son attention sur moi.
"Tout doux. Calme."
Accompagnant mes paroles, ma main touche d'abord mon collier, effleure mon oreille, puis mon front, et une imperceptible aura la recouvre. Je plaque alors ma main au centre du front de mon compagnon en y insufflant une partie de mon esprit. Je sens alors son esprit craintif et méfiant approcher du mien. Lentement je le rassure, je l'apaise, et je parviens à le calmer.

Je reste ainsi un moment, ignorant tout bonnement les Iarin'dath qui se méfient autour de nous, et me relève. Je ferme les yeux, ouvrant mon esprit à la symphonie. Elle est calme, ne semble pas se voiler de fausse note, j'en déduis donc que les ëalas l'avaient prévu. La méfiance et l'apparente animosité des Iarin'dath, fidèles à leur réputation, fait donc bien partie de leur nature.
"Puisque c'est ainsi..."
Je dresse à nouveau pour faire face à la vieille chamane, le regard empli de fierté, et tout aussi résolu.
"Bien. Je vous montrerais ce que j'ai vu, mais seulement à toi, Lorna, et à Ungwë, ta Première. Ainsi vous pourrez prendre la mesure de ce présage. En revanche... Votre charge est de protéger votre Noss, la mienne est de transmettre le message dont les ëalas m'ont gratifié. Je ne souhaite pas interférer dans vos coutumes, néanmoins je vous demanderais de respecter cela. Au moment de le transmettre aux vôtre, ce sera à moi de le faire."
Et seulement là je consens suivre la chamane dans la tente vide, non sans être accompagné du phish oura qui est bien moins dangereux à mon côté que seul.

Nous sommes désormais seuls dans la tente : les ancienne, Ungwë, Atsa et moi. La vieille chamane attend que je lui dise, que je lui montre, mais je reste là, immobile. J'ai besoin d'un peu de temps. J'aurais préféré ne pas avoir faire cela car cette méthode est éprouvante pour mon esprit. Non pas pour la magie dont je m'apprête à user, car elle m'est devenue depuis le temps plus que familière, mais car l'esprit de la vieille chamane est plus fermé qu'aucun esprit auquel j'ai dû approcher de cette manière. Cela aurait été bien plus simple s'il n'y avait eu que la jeune Première, car elle m'est moins réfractaire, néanmoins je n'ai pas le choix : je dois accomplir ma mission. Et puis je n'ai pas à forcer l'esprit de la chamane, seulement à lui transmettre une partie de ce que le mien à vécu... Si elle l'accepte.
"Asseyons-nous."
De mouvements lents, j'enjoint la chamane à se poser, et me place en tailleur juste en face d'elle. Nos jambes sont si proches qu'elles pourraient se toucher.
"Détends-toi, ouvre ton esprit, laisse moi l'approcher." Déclare-je à la chamane aînée, tout en m'approchant paisiblement.
Je reste ainsi un moment, mon regard droit dans le sien, tout en reprenant mon calme intérieur. Mes mains se joignent en un signe de méditation devant mon nombril et je ferme les yeux. Lorsque je les rouvre, mes pupilles ont pris une tente dorée, et je les plonge dans ceux de la chamane. Lentement mes mains remontent vers mon collier d'os, puis mes oreilles et enfin mon front. Alors une aura bleue argentée m'entoure, seulement perceptible des plus sensibles.
"Ceci est le message que Maurquimellë m'as chargé de transmettre."
Lentement mes mains viennent se poser sur le crâne de Lorna : mes paumes recouvrent ses yeux, mes pouces se joignent au centre de son front, et mes autres doigts se placent sur ses tempes. Dans l'éther spirituel, guidé par mon rituel et par la Symphonie, je trouve rapidement l'esprit de mon aînée. Il est méfiant, sur la défensive, à peine ouvert, mais suffisemment pour ce que j'ai à faire. Alors je puise dans mon énergie spirituelle et retrouve en moi le songe du présage, que je souhaite lui transmettre. Ne pas le modifier, ne pas le fausser, je dois le transmettre tel que je l'ai reçu. Je le retrouve, je l'assemble, et je le guide vers l'esprit de la chamane pour qu'elle puisse voir ce que j'a vu à la clairière d'Elvaëran, pour qu'elle ressente ce que j'au ressenti.

Un sentiment paisible les envahit, envahit la chamane. Un sentiment de sécurité, un sentiment de protection. Les vieilles pierres qui depuis cycles ont protégé l'Anaëh sont encore debout, solides, et rassurantes. Malgré les cycles qui se sont écoulés, malgré la végétation qui s'est emparée de sa roche, l'esprit du gardien de roc ne s'est pas effrité. Turmambal n'a pas renoncé, il ne renoncera pas, et les résiliences de son esprit de protection sont fortes, imperturbables, inaltérables. Un fort sentiment de sécurité se fait ressentir alors que des fondations chthoniennes soutiennent les êtres vivants, soutiennent l'oeuvre des divins. Une protection à toute épreuve, qui peut tout supporter... Et pourtant.
La roche se fissure soudain, et les coeurs se crispent. Un danger, un vide, une sensation suffocante d'un danger terrible remplace celles ressenties plus tôt. La roche protectrice se fissure et un abîme sombre s'ouvre sous leurs pieds, cristallisant les respirations de douleur.

Naît alors dans le coeur de la chamane, comme cela a été le cas dans celui du druide messager, un besoin compulsif et profond de se soustraire à cet abîme, d'éviter que ne se créé une brèche, d'empêcher que les fondations supposées éternelles ne se brisent. Ce besoin impérieux et violent s'empare de la chamane à son tour comme il s'était emparé des druides présents dans la clairière, et comme pour eux il s'évanouit. Ne reste alors qu'un message gravé de feu dans de la chamane, comme il l'a été dans l'esprit de l'émissaire : Les enfants des pierres ne doivent pas atteindre les frondaisons des Gémissants.

Lorsque je rompt le lien spirituel, mon souffle et les battements de mon coeur se sont accélérés. Revivre ce songe a été plus éprouvant que je ne l'avais pensé, la sensation que j'ai ressentie n'a pas diminué de celle de la clairière. Toutes les certitudes qui ont été ancrées en moi par ce Présage, toute la porté de ce danger, je l'ai transmis autant que je l'ai revécu. La certitude que les taledhels vont tenter de se rendre en Aduram et que l'Equilibre en sera bouleversé, la certitude qu'il est encore trop tôt pour regagner la région Gémisante sans que de graves séquelles ne nous touchent, et l'importance du rôle que j'ai à y jouer, tout. J'ai tout transmis par ce rituel, et il ne tient plus qu'à Lorna de décider du rôle qu'elle prendra dans cette histoire, du rôle que joueront les Iarin'dath.

Je reprends doucement mon calme, tournant mon regard vers Ungwë. Je vais devoir le refaire, encore une fois, et ressentir cela à nouveau. Alors, ce serait cela, la véritable difficulté de mon épreuve ? Je ne m'attendais pas à devoir revivre cette douleur ainsi, mais puisque c'est votre demande... Maurquimellë, Kÿria... Vous m'avez choisi, alors je le ferais. Je ne faillirait pas.
Sentant ma douleur à travers le lien qui nous unit, Atsa approche sa tête rousse de moi, les yeux teintés d'inquiétude. Je lui caresse entre les oreilles et sur le front pour le rassurer, mais mon attention reste posé sur la jeune chamane.
"A toi."

Sujet: Re: [Mare Noire] Te souviens-tu ? | Varnan Dim 27 Oct 2019 - 0:13

La Chamane détaille l'étranger avant de hocher la tête. Ma gorge serrée se décontracte légèrement. Au moins, c'était un premier pas. Faelwen et Lorna se retournèrent donc pour entrer sous la tente sans un regard de plus pour la Première que je suis. D'un mouvement, je laisse Varnan passer devant moi en hôte d'importance.

A l'intérieur de l'espace confiné par l'épais tissus aux couleurs naturelles, une légère odeur de vernis et d'herbes des anciens enivrait l’atmosphère et lui donnait cet étrange fond mystique. Les silhouètes austères de mes grands-parents m'observent avec presque autant de sévérité que Lorna un peu plus tôt. Puis ils se détournent lorsque la Chamane leur explique en quelque mot l'accord qui vient d'être passé. Ils m'oublient pour se concentrer sur l'étranger à demi nu. J'aimerai pouvoir leur dire qu'il est un allié réel et qu'il ne nous veut que du bien mais là n'est pas ma place. Pas encore... Peut-être jamais.

Avant de m'asseoir je reprend le collier composé d'une myriade de perles de bois peintes et gravées que j'avais laissé à la place que j'occupe désormais derrière la place de la chamane. Pour l'instant, elle ne s’assoit pas sur sa natte, me laissant parfaitement voir le déroulement du rite malgré ma position en retrait dans laquelle je n’aperçoit que son visage et le dos de mon ami.

Sous nos yeux, les deux druides - puisque je connais désormais leur nature à tous deux - se font face. Mon mentor se laisse approcher, tentant de lutter contre sa réticence naturelle. Loin de mes perceptions, la présence d'un rapace se révèle au mage de l'esprit approchant la vrai nature de Lorna. Ses grands yeux luminescent d'oiseau nocturne happent un moment l'attention de Varnan, menaçant. La gestuelle de la druidesse, froide et inquisitrice, prend un tout autre sens au contact du Sage Nocturne qui s'agite sous cette caresse intrusive.

Moi, de mon côté, je ne vois que l'aura bleuté aux reflets d'argents après un long frisson se propageant le long de ma peau. Par habitude, mes mains cherchent la terre, mais je ne trouve que les nattes tressées de joncs et d'herbe. Alors je respire et je braque mon attention sur eux. J'écoute l’apaisante et curieuse Symphonie qui fredonne à l'extérieur, spéculant sur ce qui se passe de magie dans cet espace clos. Les tensions se font et se défont, dans l'écoulement de la magie, dans celui du sang dans les veine des deux ritualistes et sur le visage de Lorna. Sa surprise se transforme en sourire, puis se fige et redevient neutre et contenu.

Varnan éloigne ses paumes. Lorna respire... Et ses yeux rougis apparaissent. Humides ? Depuis quand ne l'ai-je pas vu ainsi ? Elle soutient le regard de son vis à vis quelques secondes. Son expression lointaine reste illuminé par l'émotion de ses pupilles.

Qu'avait-elle vu ? Qu'avait-elle entendu ?

Et plus encore... Quel était ce message dont le seul souvenir pouvait ébranler Lorna ? Un mélange d'appréhension et de compassion me gonfle la poitrine. Après tout, je fais partie de l'accord...

Mon mentor ouvre la bouche, mais la referme aussitôt sans un mot. Un hochement de tête suffit. Pendant que le druide se tourne vers moi, elle se relève. La ressemblance avec la froideur contrôlée de Faelwen me saute soudain aux yeux. Pourquoi maintenant ? Je ne saurait trop le dire. Mais c'est exactement ça. Et quelque chose que j'essaie de repousser au plus profond de mon esprit me demande si la haine et la méfiance sont les seuls moyen de protéger le clan... Mais ce n'est pas le moment.

- J'ai à réfléchir. " tranche la voix sèche de Lorna avant de sortir sans cérémonie, me ramenant pleinement à la situation.

Pas un regard. Pas un geste. Elle me laisse là, seule, prête à prendre la place qu'elle occupait. Je m'y glisse en tailleur et souffle profondément, regardant l'énorme tigre s'approcher prudemment. Le visage de Varnan est posé pourtant... Les regards accusateurs des Anciens et ce malaise qui me trouble du côté du druide et du prédateur me tendent un peu. L'hésitation doit rester supportable pour ce qui va suivre... mais qu'est-ce qui va suivre ?

Respire.

Ma main passe sur les billes de bois de mes colliers sacrés. Mon anneau de Première frémit. Je ferme les yeux un instant et prend le temps d'une inspiration. Juste une inspiration. Pour moi. Pour ce que j'avais fais aujourd'hui et l'évidence de mon choix. C'était bien ainsi.

Et lorsque je rouvre les yeux, ceux du druide me semblent plus... Fatigués. Je souris, espérant que ce signe d'encouragement et de complicité lui sera d'un moindre soutien. Peu importe les anciens. Pour l'instant, si je peux seulement lui faciliter un peu la tâche, j'en serai heureuse.

Alors mes yeux se fixent dans les siens. Je calque ma respiration sur la sienne. Nos genoux se frôlent. Je brasse pensivement mon collier, le faisant cliqueter lorsque les perles s'entrechoque en retombant. Une fois. Deux fois. J'inspire. Mes yeux tournent au vers chlorophylle pendant quelques instants, tandis que je focalise encore ma concentration sur lui. Mais non. Hethilin m'a appris que la magie de l'esprit était plus simple avec de la confiance et de l'accueil. J'inspire. Ma respiration se se synchronise doucement sur le rythme du sang dans les veines de cet autre. Mon corps se détend et mon esprit se relâche. Je laisse aller mes mains contre mes genoux, prête à aider mon vis à vis à supporter l'effort de ma propre énergie sans m'y opposer si je sentais que sa magie désirait la mienne. Mais plus que l'aider à ne pas se fatiguer inutilement, c'est l'affection qui m'encourage à me laisser aller, abaissant mes défenses. La crainte avait laissé place à une étrange confiance depuis ce qui me paraissait être une éternité.

D'un hochement de tête des plus légers, le sourire toujours au lèvre sans vraiment en avoir conscience, je lui indiquais que j'étais prête, inconsciente de la fragilité dans laquelle me mettait cette posture désarmée. Inconsciente d'être à la merci totale d'un homme que je connaissais somme toute si peu.

Des fondations puissantes et protectrice de l'Anaëh à l'abysse, il n'y a qu'un pas, que les souvenirs du druide me font franchir. Ma respiration se fige, mon sang en aurait sans doute fait autant... Et mon esprit tente de repousser l'intrusion qui me pousse à voir, à entendre et à ressentir. En pure perte. j'inspire. ma poitrine se soulève avec précipitation. Sous mes frémissements, un message douloureux se grave dans ma mémoire : Les enfants des pierres ne doivent pas atteindre les frondaisons des Gémissants.

J'en saisis le sens diffus... mais l'horreur et l'inquiétude demeurent. Lorsqu'il écarte ses mains, ce sont deux yeux noyés de larmes qui l'accueillent. Des larmes que je n'ai pas pour habitude de retenir. Je les sèches d'une main, laissant les derniers échos de ce que je viens de vivre s’effilocher. Ce pressant besoin d'agir tente de résonner avec mes choix des derniers temps, mais ne produit que sons discordants et malaise.

- Tu sais... " Le tremblement dans ma voix m'oblige à m'arrêter un instant. " Tu sais pourquoi ils voudraient tenter ce voyage ? "

Sujet: Re: [Mare Noire] Te souviens-tu ? | Varnan Sam 2 Nov 2019 - 23:02

Mon regard croise celui de la jeune chamane, et l'espace d'un instant je me questionne. Elle est si jeune, si innocente. Le poids de ce présage, puis-je le lui faire porter ? Mes yeux se ferment, et j'en suis résolu. Elle est l'une des nôtres à présent, alors c'est qu'elle est prêt. Et puis je m'y suis déjà engagé, devant sa maîtresse et devant les ëalas. J'ouvre mes yeux, révélant la teinte dorée que prennent mes pupilles lorsque mon dont se manifeste à ce niveau. Et je répète le rituel, comme je l'ai effectué quelques minutes plus tôt sur le vieille Lorna. Encore une fois, une fois de plus. Cette sensation, cette douleur, cette détresse, cette volonté, cette conviction... Tout est toujours aussi vif dans mon esprit, tout est toujours aussi intense. Mais je dois le supporter, je dois l'endurer. Tel est mon don, tel est mon rôle.

Lorsque j'ouvre les yeux, c'est une ornedhelle en larme que je découvre. Je déglutis, je me tiens digne, et je m'efforce de lui offrir un sourire rassurant. Ce présage est une épreuve que nous devons affronter, car nous sommes les hérauts d'Anaëh.
"Je l'ignore." Lui répond-je, sur un ton solennel. "Ils ont leurs raisons, et nous avons les nôtres. Le Présage nous est apporté par les ëalas car nous sommes les seuls capable de l'entendre, et il nous revient, en tant que hérauts, de le transmettre. Qu'importe que nos frères et soeurs égarés aient une bonne ou une mauvaise raison, qu'importe même si leurs motivations sont bonnes. Tout taledhels qu'ils soient, ils demeurent les enfants de Kÿriah. Et s'ils se perdent, nous devons les aider à retrouver la mélodie. Car nous sommes aussi des guides, nous avons été choisi."
Reprenant le toute conscience de mon propre corps, j'écarte les bras pour inviter ma jeune soeur à profiter de la chaleur d'un aîné. Elle semble en avoir le besoin... Mais le grognement sourd d'Atsa me rappelle sa jalousie, et je le calme d'un regard. Je n'ai donc qu'un bras de réconfort à proposer à Ungwë, mon autre main s'occupant à flatter le phish oura. Quel capricieux celui-là, si nous étions seuls je suis certain qu'il m'aurait ignoré.

Ce n'est qu'après avoir rassuré la jeune druidesse que je daigne me relever, réveillant mes muscle endormis par ma position gardée plusieurs minutes d'affilées.
"J'ai accompli ma part. Sais-tu si Lorna va revenir ?"
Mon félin compagnon vient se frotter à moi, non sans garder un oeil méfient sur Ungwë, tout en poussant ce ronronnement si particulier que je sais reconnaître.
"Il a faim."
Ce qui est étrange, car il a déjà mangé il y a peu. Peut-être a-t-il senti une odeur qui lui a mis en appétit. Je l'aurait bien laissé s'éloigner, partir en chasse, et il serait revenu une fois le ventre plein. C'est ce que j'aurais fait d'ordinaire. Mais ici, je ne peux pas. Il pourrait chasser l'un de ces Fanuës, au même... Non, pas un druide, pas pour se nourrir.
"Peut-on lui apporter à manger, et de l'eau ? Je préfère qu'il reste à mon coté."

Sujet: Re: [Mare Noire] Te souviens-tu ? | Varnan Dim 3 Nov 2019 - 23:43

J'aurais aimé pouvoir me blottir contre le druide, mais les yeux posés sur nous m'en dissuadent. La tête haute, sans être gênée par l'émotion que je viens de dévoiler aux yeux de tous, je saisit la main du bras qu'il m'accorde au détriment de son ami félin et la serre de toute mes forces.

Puis il se relève et je ne peux que secouer la tête pour le détromper.

- Elle reviendra, mais je ne peux te dire quand.

Autour de nous les Anciens sont dubitatifs. Faelwen donne ordre qu'on aille chercher un peu du produit de la chasse ramenée le jour même et une vasque d'eau pour l'impressionnante bête. Quant à moi, je retrouve ma place sur la natte tressée derrière l'assise de Lorna. Les membres de l'assemblée discutent à voix basse sous mes yeux silencieux.

En réalité, tout cela me semble... étrangement détaché. Pourquoi toute cette tension ? Ces simagrées pour un message amical ? Pourquoi toute cette méfiance ? A-t-elle toujours été là ? Toujours aussi délétère ? Depuis que j'ai accepté de porter les marques qui m'ont été dictées par les Gardiens du passé, je me trouve de plus en plus souvent en porte à faux avec les comportements de mes aînés. Peut-être est-ce simplement dans l'ordre des choses, maintenant qu'on me demande de prendre des décisions et non plus seulement de suivre des ordres et des traditions. Pourtant ici, rien de violent. Rien de particulièrement changé. Seulement le marasme vieillissant d'un clan que je discerne de plus en plus comme devant faire face prochainement à un choix d'envergure.

Il faut de longues minutes avant que Lorna ne reparaisse. Combien exactement ? Je n'en ai aucune idée, mais je n'ai pas bougée d'un pouce, regardant le grand félin se nourrir, fascinée.

- Frère solitaire, " appelle mon mentor en entrant sous la tente. " J'ai pris ma décision. Il est inutile de faire inutilement peur aux nôtres. Vous pouvez partir. Nous agirons selon notre conscience. "

Sujet: Re: [Mare Noire] Te souviens-tu ? | Varnan Dim 10 Nov 2019 - 18:50

La chamane de la noss finit par revenir, avec le fruit de sa réflexion. Et lorsqu'elle me l'annonce, c'est une grande déception qui me prend. Je m'attendais à bien plus de la noss Gardienne des Mémoires du Linoïn. Je m'attendais à ce que eux, d'entre tous, se sentiraient concernés par la protection de la sylve qu'ils espèrent un jour regagner. Cet éloignement de leur sylve d'origine, après que les cycles se soient succédé, les a-t-il à ce point fait oublier leur devoir et ce qu'ils sont ? Ou est-ce la peur qui motive la décision de l'ancienne ?
"Je ne pensais pas les Iarin'Dath si facilement effrayés, au point d'en ignorer un message transmis par Maurquimellë la Secrète." Commente-je avec déception.
Je sens Atsa s'agiter à mon coté, et n'ai pas besoin de le voir pour savoir que ses babine se retroussent. Il a certainement senti la frustration dans mon souffle, ainsi que la méfiance des anciens qu'il pourrait prendre pour de l'agressivité. Je calme mon félin compagnon de caresses sans magie, et questionne la symphonie.

Mais je n'ai pas de réponse. Peut-être mon esprit est-il trop fatigué, ou trop agacé par la décision de l'ancienne, par leur ignorance manifestement délibérée. Ou peut-être que l'Aînée n'a tout simplement rien à me dire à cet instant. Je souffle lentement et mon regard fier se pose sur la chamane Lorna. Après tout, mon rôle n'est toujours que de transmettre le Présage, et l'histoire qui s'écrit par la suite ne tient qu'à leurs décision de l'écouter ou non.
"Alors c'est cela la mémoire que vous avez choisi. Très bien, je m'y suis engager."
Un instant mes yeux orangés se tournent vers Ungwë, mes lèvres dessinant un sourire sincère.
"J'espère que la Symphonie nous réunira à nouveau, lorsque tu auras déployé tes ailes, et que la mélodie sera plus douce. Alors tu pourras me conter la suite de ton histoire, et peut-être l'occasion me permettra-t-elle de te narrer quelques-unes des miennes."
Me tournant tour à tour vers les anciens, puis à nouveau Lorna, j'émet tout de même un léger signe de respect.
"Ancien, Lorna. Que les Eälas vous protègent."
Sur ces mots nous sortons tous deux de la tente, Atsa et moi. Sur le chemin nous menant hors du camp nous croisons la ornedhelle partie chercher un peu de nourriture, comme je l'avais demandé, mais je refuse. Ma tâche dans cette noss est terminée, mais il y en a d'autres à qui je dois transmettre le Présage.

Fin du RP pour Varnan

Sujet: Re: [Mare Noire] Te souviens-tu ? | Varnan Lun 11 Nov 2019 - 16:38

Imperturbable, Lorna supporte la déception du messager avec un flegme froid qui lui ressemble tout à fait. Mais je la connais. Je suspecte autre chose. Une décision bien différente de l'apparent détachement qu'elle offre à un étranger. Elle ne voulait pas qu'il transmette lui-même le message, c'est criant, mais savoir ce qu'elle va conseiller à Faelwen de faire... voilà une toute autre question.

Lorsque mes yeux tombent de nouveau sur ceux du druide qui se fait congédier - quels que soient les prétextes des anciens - je lui souris en retour, incertaine. Quelque chose ne se déroule pas comme j'aurais aimé que cela tourne. Le renvoyer ainsi. Ne pas profiter de ses conseils plus avant... En reportant mon attention sur Lorna, je sais que mon tour viendra au moment même ou Varnan aura quitté le camp... Mais étrangement, ça ne m'effraie pas.

Il faut que je réfléchisse... quoi que les anciens choisissent pour nous.

Le Linoïn est un pilier que je ne peux abandonner... Mais que croire de cet abysse que je sens encore s'ouvrir sous mes pieds ?

Les Citadins ont peut-être une bonne raison d'agir comme ils le font. Je les ai vu, je les ai côtoyés. Ils sont ignorant et inconscients mais pas malveillants. Il faut que je sache...

Il faut que je comprenne...

Et je doute que mon mentor et ma soeur ne m'y autorisent...

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